L’économie du recouvrement en 2020 par rapport aux années précédentes illustre les premiers effets des mesures sanitaires sur l’économie globale. 2020, c’est déjà le passé, mais comme toute histoire, celle-ci peut nous aider à anticiper demain. Dans cet article, nous analysons le volume d’affaires. Dans un prochain article, nous regarderons les encaissements.
Que voulons-nous mesurer ?
Qu’est-ce que les mesures de confinement et de fermeture de pans entiers d’activité ont eu comme impact sur le commerce ? Notre raisonnement de base est qu’une société de recouvrement est tributaire des créances que ses clients (les créanciers) lui transmettent.
- Si le client perd du chiffre d’affaires, il transmettra nécessairement moins de dossiers.
- Si le client a moins de volume d’affaires, il peut avoir plus de temps pour gérer ses créances lui-même.
- Si les clients de nos clients (les débiteurs) souffrent du marasme économique, ils paieront moins bien et nous recevrons plus de dossiers à recouvrer.
- Si les fermetures et autres mesures ont détruit le revenu de certains, les mesures de soutien ont limité ces dommages. Mais avec quel effet sur le comportement économique ?
Il faut se rappeler également que seulement environ 3% à 6% des factures émises en Belgique sont payées avec un retard significatif ou restent impayées dans la durée. Ce chiffre varie d’un secteur à l’autre et d’une entreprise à l’autre. Mais cela nous rappelle à la prudence lorsqu’on tente d’expliquer des tendances économiques à partir d’une fenêtre réduite et variable de l’activité commerciale.
Le volume des créances transmises par nos clients
Nous avons constaté une baisse globale du nombre de créances reçues de nos clients : -33% en 2020 par rapport à la moyenne 2016-2019 (échantillon > 100000 dossiers). Nos chiffres indiquent une tendance globale claire mais il est difficile d’en tirer des conclusions. L’analyse est complexe parce que :

- Déjà, la distinction entre B2B et B2C montre des chiffres relativement stables en B2B et un très net recul en 2020 pour le B2C.
- Nous avons plus de 2000 clients d’horizons divers. Nous traitons peu de dossiers de soins de santé et d’entreprises d’utilité publique (sauf à y inclure notre vaste réseau d’écoles). D’autre part, nous servons une gamme de très grandes entreprises de tous secteurs (finances, industries et services divers y compris des entreprises d’audit et de grands bureaux internationaux d’avocats), et beaucoup de PME aux activités les plus diverses.
- Si nous ne travaillons pas en direct pour des restaurants ou des coiffeurs – directement affectés par les mesures sanitaires, nous avons des clients qui livrent à ces secteurs et sont donc impactés par les fermetures.
- Nous avons des clients directs dans d’autres secteurs impactés directement, comme le transport de personnes, les brasseries, le nettoyage professionnel ou l’événementiel.
De plus, l’analyse des conséquences de la perte partielle ou totale des activités en aval de nos clients est délicate. Beaucoup de nos clients nous ont confirmé avoir perdu du chiffre d’affaires, certains sont même tombés à 0 (secteur voyages, par exemple). Et même les écoles ont perdu, jusqu’à plus de 50% de leur facturation pour certaines d’entre elles. De manière générale :
- Certains clients ont gagné en activité, et transmettent donc plus d’impayés.
- Certains clients, qu’ils soient en croissance ou en décroissance, sont accaparés par des urgences liées aux changements brutaux de leurs situations. Cela inclut les problèmes liés à la croissance en flèche ou à la chute brutale des ventes, mais aussi à l’organisation comme celle liée à l’intensification du télétravail ou à la recherche de solutions à de nouveaux problèmes.
Ensuite, nous avons continué nos efforts de marketing. En 2020, de nouveaux clients nous ont confié des créances, ce qui rend la comparaison délicate. Nous avons en moyenne, bon an mal an, 14% de cas provenant de nouveaux clients qui représentent 27% du montant des nouveaux cas. En 2020, nous n’avions que 9% de nouveaux clients de l’année pour 27% de plus en valeur à recouvrer.
- Cela montre que nous avons attiré des PME et grandes entreprises en 2020 ayant principalement des factures B2B. En effet, les créances B2B sont pour des montants plus élevés, en moyenne, que les créances B2C.
- Cela montre également que nous n’avons pas pu attirer beaucoup de créanciers B2C en 2020, sans doute en raison de leur situation suite à la crise.
Conclusion
Globalement, nos chiffres d’acquisition de dossiers confirment une réflexion de bon sens : l’économie s’est ralentie drastiquement en 2020. Mais il est difficile d’en tirer des conclusions plus fines car :
- Nous gérons des impayés de tous les secteurs de l’économie, qui sont chacun interdépendants avec plusieurs autres alors que certains ont été en croissance en 2020 tandis que d’autres ont connu une récession sévère.
- De plus, nous ne voyons qu’une petite partie des activités de nos clients, celle des impayés. Cette partie est variable dans un ensemble lui-même variable (du chiffre d’affaire global).
Notre prochain article traitera des encaissements et du comportement de payement, sur base de nos statistiques.
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